Entrainement
L'homme grimaça. Depuis si longtemps on le laissait avec sa garnison et les puces de son lit ! Aujourd'hui, on lui demandait de secouer les uns et les autres ! Il se gratta une barbe naissante, puis le Comte Benedykt de Konin
hurla à ses hommes.
"Soldats, hier vous étiez des puceaux de l'épée, aujourd'hui je ferais de vous des hommes !"
Le comte inspecta chacun de ses soldats. Il jetta à terre l'armement négligé de l'un, arracha la cape trop luxueuse de l'autre.
"Vous manquez d'entrainement ! Proche d'ici des loups à visage d'hommes rodent, prêts à foncer sur la Grande-Pologne pour vous violer tant vous ressemblez à des femmes ! Mes mignons, vous allez prendre du muscle à partir de maintenant !"
Les hommes fixaient le comte, sans broncher, mais palissant davantage à chaque mot. Puis, à son ordre, ils commencèrent les exercices de combat. Les épées retentirent dans des éclats métalliques. Les javelines striaient le ciel. Les flèches se plantaient dans la cible, sans cesse.
Le comte hurla. La cadence accéléra.
Maintenant ils courraient en ordre, portant de lourdes pierres sur les épaules. A la fin de la course ils durent se jeter dans le lac et nager, en n'oubliant pas leur pierre.
Le comte nagea avec eux.
Lorsque les hommes parvinrent à la rive du lac, ils ne purent se redresser. Ils durent ramper en silence jusqu'à des mannequins de bois, et viser en silence...
Le lendemain les hommes torses nus durent sur leurs seuls biceps faire sauter un tronc d'arbre. Les torses se bombaient sous l'effort. Les visages écarlates semblaient prêt à éclater. L'après-midi ne fut que courses...
Jour après jour les exercices recommençaient. Le comte ne connaissait pas de repos...
Lorsque enfin le dimanche fut arrivé, le comte fit circuler des pichets de vin.
"Souvenez-vous, ce vin à la couleur du sang. Dans un combat, c'est le votre ou celui de votre adversaire qui étanche la soif de la terre..."