Et la croix s'enflamma

Cela faisait des semaines que le Grand Pretre de Sasnie attendaient des nouvelles, de nombreux diplomates de Prusse étaient venu le voir, le consulter, lui promettre son appui. Mais les jours passaient et toujours rien n'étaient en vue, pas le moindre soldat, pas la moindre armée. Inquiet le Grand Pretre regarda les yeux des fidèles des cultes anciens. Ces hommes n'étaient pas des soldats mais des hommes pieux qui souhaitaient conserver les cultes des Dieux. Et cela se ferait sentir sur le champ de bataille. Le Grand Pretre n'était pas guerrier, mais il savait comment la guerre fonctionnait et des hommes seuls ne sachant manier une arme avec efficacité, malgré toute leur volonté, ne peuvent etre victorieux. Cependant leur cause n'était pas perdue, elle ne pouvait l'etre, Perkunas leur viendrait en aide, telle était la pensée du Grand Pretre et de tous les hommes qui l'avaient rejoins dans les profondes forets sasniennes. "Ils ne pouvaient etre défaient, Perkunas viendrait en personne les assister et ecrasera lui meme les Chrétiens".
Le religieux comme à son habitude rendait les cultes aux Dieux, aucun ne fut oublié. Soudain se fut l'effervescence dans le petit camp considéré par le pouvoir Sasnien comme rebelle. Un messager était arrivé et portait une heureuse nouvelle.

Durant ces moments les Polonais tentaient d'imposer la croix et la religion chrétienne tout en chassant ceux qui avaient une saison auparavant causés tant de troubles au sein de la pensée des nouveaux futurs fidèles. Les légats et missionnaires rencontraient certaines difficultés à convertir ce peuple, qui depuis de longue date est hostile au message chrétien. Mais face à la collaboration et la bonne volonté du pouvoir on ne put trouver comme raison que la présence toujours forte des dissidents et paiens.
Ce fut donc l'une des grandes missions des armées polonaises que de traquer les paiens. Ceux-ci ne s'enfoncèrent cependant pas dans les sombres et incertaines forets de Sasnie. Préférant poursuivre encore la conversion des ames dans les villes. La croix qui jadis fut renversée par le Grand Pretre lors de son insurrection avait été rebati et tronait fièrement sur le village capitale de Liwto.

Mais soudain un événement vain boulversé l'ordre qu'était en train d'établir les Polonais en Sasnie. Alors qu'un eclaireur mazovien faisait le tour de Liwto, celui-ci, gravement blessé entra dans le village en trombe. Puis epuisé, à bout de force, il tomba de sa monture dévoilant une flèches qui l'avait touché au ventre. Une grande douleur se lisait sur son visage.
Il ne fallut guère attendre pour voir toute la garde polonaise se précipiter autour de l'homme à l'agonie. Dans un dernier soufle il informa ses frères d'arme de l'arrivée d'une grande armée paienne. Soudain, la garde remua le village, préparant les défenses, sonnant la cloche. Alors que les habitants se terraient dans leurs demeurs, les Polonais accompagnés des quelques unités restées fidèles à leur roi se rassemblèrent dans la cour, s'équipèrent et s'hatèrent à la défense du village.

Dans les forets c'était l'euphorie. On scandait les prières, on scandait les nom des Dieux, on scandait la mort des Chrétiens. Le Grand Pretre n'en crus pas ses yeux lorsqu'il vit la force rassemblée par les rois pruthènes. Plus encore il put voir et s'entretenir en personne avec le roi des Natangiens, le réputé Gadimar. Il s'était déplacé en personne pour commander cette guerre en tant qu'homme d'expérience. Avec lui des régiments en grand nombre de Natangie, mais aussi de Nadruvie, de Barthie. Ce fut une armée pieuse et giganteque qui c'était rassemblée.
Le Grand Pretre ne put s'empecher de s'agenouiller et remercier Perkunas pour les sauveurs qu'il lui envoyé. Il avait les larmes aux yeux lorsqu'il adressa sa prière et glorifia le nom du roi des Dieux.
Au seul son des chants et des pas de l'armée pruthènes, les Polonais et Sasniens s'attendaient à voir une grande armée. Mais lorsque celle-ci sortit des forets, le choc fut encore plus grand encore et on put voir certains hommes tenir leurs armes de manière tremblante, la peur les envahissants.

Il ne fallut que fort peu de temps pour que les Pruthènes coalisés montent echelles et beliers en nombre important et tout aussi rapidement un assaut massif fut lancé. Lorsque le Grand Chef Gadimar de Natangie baissa son puissant bras, le Polonais purent voir une horde incessante foncer vers les murailles plus que modestes de Liwto. Les archers participèrent alors grandement à la défense, mais face au nombre des Pruthènes les pertes restaient invicibles. Puis vint le moment ou les echelles se collèrent aux murs, ou les beliers frappèrent les portes. La bataille semblait perdue et ce malgré les efforts des Polonais.
Ces derniers dans un élan de force et de foi parvinrent à repousser les paiens des murs. Nul Borusse ne put mettre le pied guère longtemps sur les murs de bois avant de faire route faire l'enfer qui attend tous les paiens. Le combat fut long et acharné. Aux portés on avait de cesse de courir en tous sens afin de fortifier la porte qui à chaque instant paraissait prete à lacher.
Jusqu'au moment ou le pire se produisit. Après un violent coup la porte Nord de Liwto céda dans un retentissant fracas. Alors les armées inombrables rentrèrent dans la ville. Face au nombre écrasant de cette armée et de sa puissance les chrétiens ne purent que plier. Ce fut un vrai massacre, car il n'était pas question cette fois de paysans armés, mais d'une armée formée de soldats puissants et expérimentés commandée par des lieutenant et généraux braves et habiles.

Face à une défaite certaine, les nobles et généraux polonais parvinrent à s'enfuir par la porte Sud, accompagnés du Roi des Sasniens obliger de fuir sa propre capitable. S'éloignant de Liwto, ils jetèrent un dernier regard sur la ville, la rage gagnant vite le roi des Sasniens depuis peu chrétien. Leur dernière image de la ville fut de voir au loin la croix de la place centrale bruler dans une épaisse fumée noire.
Ce fut une grande défaite pour les chrétiens. Sans compter que la situation est loin d'etre résolu...

es loups paiens sont sortis du bois ! Nous les y ferons rentrés ! La Mazovie vengera au centuple ses martyrs et ceux de Grande Pologne.

Sasniens rebelles à votre roi, barbares avides de Natangie, de Barthie et de Sasnie, vous allez connaître la colère des soldats du Christ !
Moi Konrad, je vais vou snoyer dans des lacs de sang impur !

Gadimar contemplait les cendres de la croix brûlante. Hier encore elle se tenait fièrement, narguant ce pays Pruthène. Elle trônait, certes depuis peu de temps, mais hélas depuis trop longtemps. Ce pays avait été trahis par son roi, il avait préféré se convertir à la soi-disant vrai « foi ». Gadimar avait pu se rendre compte des profanations chrétiennes, est ce cela la tolérance ? Les Chrétiens avaient péris et perdu cette bataille. Bien que la guerre n’était pas finie pour autant, cette victoire remit du baume au cœur de Gadimar. Perkunas n’avait pas abandonné son peuple, le culte des ancêtres vivrait encore. Bien que grisé par la victoire, la réalité reprenait le dessus, les morts, les dégâts à déplorer, les cultes ancestraux à restaurer, tout était à refaire… pour qu’ils puissent peut-être se faire détruire à nouveau.

Liwto, sous le coucher de soleil, demeurait une ville calme. Sous l’œil des guetteurs avisés, les soldats et la population festoyaient et chantaient en l’honneur de Perkunas. La place centrale restait un lieu rempli de monde quelque soit l’horaire de la journée. Gadimar, tout en profitant de la fête, ne cessait de garder l’œil et de veiller avec les généraux des pays coalisés.

Le soleil se coucha vraiment, toutes les pensées de la journées remontaient en lui. La tolérance prétendue des chrétiens, la cruauté supposée des Pruthenes qui ne faisaient que défendre leur terres natales, les réjouissances, les gardes, la futilité de la vie et de son passage sur terre. La guerre lui avait laissé une journée de répit, il comptait bien que cela continue.