PRINTEMPS 1239
LITURGIE
La voix puissante du duc résonnait avec grâce dans l'église. Le géant, les mains jointes, priait avec la foule des fidèles pour la victoire de l'ost d'Adonaï, le "Seigneur des armées". L'odeur des bancs de bois couverte par celles des cierges immenses, l'éclat des lumières se reflétant sur les immenses statues de la cathédrale, les chants graves et beaux des fidèles, tout montrait la foi des Poznaniens en leur Dieu.
L'archevêque officiait la messe avec une solennité particulière. Il savait qu'au loin, sur des terres glacées et païennes, des hordes désiraient multiplier les martyrs de chrétiens. Il avait écouté avec un frisson d'horreur les cruautés exercés par le "fleau de la chrestienté" : chrétiens cloués, laissés agonisant apr7s avoir été torturés sur des pans de bois où les bêtes viendraient dévorer leurs chairs vivantes et ajouter des souffrances à leur supplice.
L'archevêque brandit l'hostie vers l'autel. Le sacrifice de Dieu pour le rachat des hommes boulversait son coeur de chrétien. Les larmes affluaient à ses yeux, dissimulés autant que possible à la foule qui connaissait néanmoins sa grande piété.
La liturgie amena ensuite les fidèles à communier. Se reconnaissant pécheur, le duc reçu l'hostie avec humilité.
L'intensité de la communion amenait chaque fidèle à examiner son âme. Le duc désirait la concorde entre les hommes et contribuer à la gloire de Dieu, l'évêque priait pour les chrétiens martyrs et leurs bourreaux dans un esprit d'amour, les innombrables gchevaliers de l'Ordre présents songeaient à leurs frères morts au combat et à ceux qu'ils aimaient et ne verraient bientôt peut-être plus !
"Ite missa est"
Les prélats mettaient fin à la messe. Lentement, chacun repartait vers son destin...